POUVOIR D'ACHAT

Publié le par Syndicat Force Ouvriere Territorial 17

C’était la mesure phare du candidat à l’élection présidentielle.

Sans craindre de brusquer l’opinion, il a clairement signifié au cours d’une conférence de presse le 8 janvier dernier, sa volonté de refermer le débat qu’il avait lui-même ouvert il y a un an.

La réponse des organisations syndicales s’est exprimée le 24 janvier, par des grèves et manifestations largement suivies par les travailleurs et salariés de ce pays, qu’ils relèvent du secteur privé ou de service public.
L’Etat est coincé. D’un côté, il fait voter un « paquet fiscal » se retirant toutes marges de manoeuvre ; de l’autre, il est surpris du taux d’inflation dont la tendance flirte les 2.6% lorsqu’il espérait 1.5% ; rognant de fait le pouvoir d’achat.

Si le gouvernement a relevé de 0.8 l’indice du point en février 2007, cette revalorisation portait, rappelons-le sur l’année 2006. Dans les faits, le gouvernement se contente de poser quelques rustines comme le paiement des journées de RTT non pris. Mais cela ne concerne qu’une partie des fonctionnaires… quid des autres ?

Vous l’aurez compris, il ne s’agit que de bricolage, le gouvernement ne veut pas entendre parler d’augmentation générale des salaires et traitements, évacuant d’un revers de main, la revendication première de 5 millions de fonctionnaires.

Parallèlement à l’autisme dont le gouvernement fait preuve en matière de pouvoir d’achat, la réalité des français se traduit par la nouvelle hausse des prix du pétrole, la franchise des soins et les mesures de déremboursements et une hausse insupportable des loyers.

Personne n’est dupe, l’inflation s’est accélérée. Alors que le président a promis un nouvel indice du pouvoir d’achat, la hausse des prix dans les rayons de grandes surfaces montre l’ampleur de la valse des étiquettes.
Bien sûr les grands groupes de distribution préfèrent nous arroser de coupons de réduction à coup de grandes campagnes publicitaires. Vous avez dit hausse des prix ?

Selon un article du Nouvel Observateur, l’évolution des prix de plus de 250 produits de grandes marques les plus vendues, flambe : « en trois ans la hausse moyenne se situe aux alentours de 11.5% » une valse des étiquettes deux fois supérieure au taux de l’inflation calculé par l’INSEE pour la même période.

Plus spectaculaire encore ; depuis le passage à l’euro en 2000… le panier de la ménagère toujours selon cet hebdomadaire, s’est renchéri de 29%… La situation ne devrait pas s’améliorer puisque les grands groupes agro-alimentaires ont présenté fin 2007 une hausse de 8% de leurs tarifs… C’est l’incendie dans les chariots. Ce relevé des prix devrait inspirer M. SARKOZY qui a revendiqué « un indice du pouvoir d’achat qui corresponde enfin à la vie quotidienne des français, pour qu’ils aient le sentiment qu’on ne se moque pas d’eux ».

Président autoproclamé du pouvoir d’achat, il veut jouer les pompiers. En attendant, les consommateurs continuent à pousser leur chariot dans la jungle des faux « prix bas ».

Le portrait social réalisé par l’INSEE le confirme : les inégalités de salaires, de patrimoine et de revenus s’accentuent. Le pouvoir d’achat évolue défavorablement. La capacité à influer sur le pouvoir d’achat dépend de la politique qui est conduite, que ce soit au niveau économique ou fiscal. Pour échapper à sa responsabilité, le gouvernement en appelle une nouvelle fois aux 35 heures. Officiellement, il n’est pas question de les remettre en cause mais la volonté de négocier la durée collective du travail entreprise par entreprise aboutirait à reléguer les 35 heures au musée.

Dernièrement encore, le Premier ministre (déclaration du 26 décembre) a demandé aux organisations syndicales de rajouter deux points aux négociations avec le MEDEF dont celui du temps de travail. M. FILLON dénonce « ces règles régissant la durée du travail encadrées par une série de plafonds, de seuils » ou encore « de contingents et d’autorisations dont la justification est souvent fragile et datée ».

Comme l’écrivait Jean Claude MAILLY dans l’édito de FO hebdo du 19 décembre 2007, « le gouvernement avance masqué L’amendement adopté par les sénateurs à la loi CHATEL est révélateur de l’objectif qui est de banaliser le dimanche comme jour de travail. Officiellement il ne s’agit pas de généralisation mais de dérogation en extension, sa banalisation conduira à terme à le rémunérer comme un jour ouvré ».

Comment ne pas s’interroger face à un gouvernement qui après avoir distribué 13 Milliards d’€ vient affirmer, trois mois plus tard, que les caisses de l’Etat sont vides ou « plus que vides » selon M. WOERTH. Comment accepter que l’Etat n’aurait pas les moyens d’influer sur la hausse des salaires ?

L’absence de projet et le gaspillage des ressources fiscales sont une réalité.

Les allégements de l’impôt sur les sociétés au nom de la concurrence fiscale et sans contrepartie sont coûteux.

Cette absence de stratégie s’accompagne aujourd’hui d’une multiplication de prélèvements nouveaux sur les ménages et les classes moyennes : taxe sur les malades au moyen des franchises sur les remboursements, taxe sur les poissons et les produits de la mer… Cette prolifération de prélèvements indirects est-elle de
nature à augmenter le pouvoir d’achat ?

La question du pouvoir d’achat, l’Europe y est confrontée tant est grand le mécontentement des ménages. En Italie, ils protestent contre le prix des pâtes et du carburant, en Espagne contre celui de l’huile et le taux des crédits, les britanniques dénoncent le prix du gaz… Quant à l’Allemagne, les difficultés remontent à plusieurs
années : « presque toute la valeur ajoutée créée depuis 3 ans dans ce pays a été récupérée au profit des entreprises.
Les salariés du secteur public ont enregistré un recul de 2 à 2.5% de leur pouvoir d’achat » selon un économiste.
Ce que les salariés ont perdu, les prix en ont bénéficié….

Modifier la politique économique tant au niveau national qu’européen est une nécessité.

Comment ne pas réagir face à la crise provoquée par les sub-primes (crédit à risque offert à un emprunteur qui n’offre pas toutes les garanties suffisantes pour bénéficier d’un taux avantageux) ? Comment ne pas réagir quand on voit la Société Générale afficher une perte de 7 Milliards d’€?

Comment ne pas s’étonner du comportement autistique de la BCE dont la seule obsession est l’inflation ?

La baisse affichée du taux principal de la Banque fédérale américaine va conduire à tirer la monnaie européenne vers le haut tout en plaçant les exportations européennes en difficultés ; il en résulte un phénomène de récession de la production et l’excuse du gouvernement pour ne pas augmenter les salaires.

De l’avis de plusieurs économistes, depuis plusieurs mois, toute hausse de la demande bénéficie aux
importations et non à la production française.

Aussi, donner un coup de pouce aux salaires sans accroître notre productivité, creusera notre déficit du commerce extérieur.

A qui la faute ?

Mais les intérêts des salariés ne sont pas ceux des employeurs, c’est la raison pour laquelle il nous appartient de continuer à revendiquer une hausse des salaires pour tous et la revalorisation des grilles indiciaires.

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